La coïncidence fait que le lendemain du dernier jour à Blooming School je suis tombé malade. Il faut d'abord comprendre que je suis tombé malade deux fois précédemment et je vais pas te faire un dessin c'était la tourista. C'était assez violent mais je m'en suis sorti rapidement et en comprenant que c'était l'eau qui était impropre dù à la mousson j'ai totalement arrêté de boire l'eau du village. Pour être honnête, ce n’est qu’au bout de la deuxième fois que j’ai vu d'où venait l'eau, car à Kathmandu c'était de l'eau minérale et je m'étais dis que c'était la même eau au village.. Et bah non et mon corps a bien vu la différence je peux te l'assurer...
Enfin bref va savoir pourquoi je suis de nouveau tombé malade malgré mon attention pour l'eau et là cette fois c'est parti en vrille mais vraiment. Je te fais pas une liste de tous mes symptômes, mais ils étaient assez importants pour que 4 Népalais me portent sur une civière pendant la nuit, descendent la montagne où l'on vit tous et qu'une ambulance m'emmène à l'hôpital. Pas très chouette on va pas se mentir, pour la première fois de ma vie j'ai eu peur pour ma santé, je suis resté deux jours à l'hôpital et je me suis rendu compte à quel point les Népalais sont merveilleux.
Le grand-père de la famille qui me connaissait que depuis seulement 5 jours a pleuré chaque jour de mon hospitalisation car il était inquiet. Oui tu as bien lu, un homme de 80 ans qui a vécu des milliards de choses difficiles dans sa vie, était plus inquiet pour ma vie que la sienne. Surréaliste !
Le père de Santosh ne voulait pas travailler pour rester à mon chevet mais Santosh a réussi à le convaincre de rester au village car cela ne servait pas à grand chose. Le voisin qui se nomme Nabaraj, qui soit dit-en passant est un mec extraordinaire, est resté non stop avec Santosh à l'hôpital. Je ne l'avais vu qu'une seule fois mais il était inquiet pour moi et ne voulait pas laisser Santosh seul. Ni Nabaraj, ni Santosh ne se sont plaints de rester coincés à l'hôpital pendant 48 heures pour un mec qui était au Népal que depuis 10 jours.
Et pour couronner le tout une famille m'a ramené à manger toutes les 3 heures pour me forcer à m'alimenter et à ma grande surprise cette famille n'est autre que la famille de Manjila. La jeune fille de l'école privée est venue me voir à l'hôpital pour me soutenir. J'ai cru rêver, bloqué en plein milieu du Népal dans une situation plus que compliquée avec ma famille me poussant à me rapatrier et mon corps me lâchant, je la vois arriver à l'hôpital pour m'apporter à manger et prendre de mes nouvelles. Je ne sais pas comment j'ai pu ne pas m’effondrer mais c'était dingue, en France je ne sais même pas si des gens prendraient la peine de se déplacer car après tout c'est la France “ça va tu vas te rétablir tranquillement”, mais là toute la communauté que j'ai rencontré était préoccupée.
Je n'ai pas compté combien de personnes étaient venues me voir, que ce soit des gens que je connaissais ou non mais j'ai du voir une vingtaine de Népalais à l'hôpital. Je suis parti seul au Népal, mais je ne me suis jamais senti autant soutenu dans ma vie. Et comme me l'a dit Santosh de nombreuses fois : Welcome in Nepal man.
Mon hospitalisation s'est donc terminée après deux jours plus que difficiles mais ma condition n'était pas géniale pour autant les jours suivant. Je suis resté alité 8 jours au total en ne m'alimentant guère et donc comme on peut s'en douter j'ai perdu énormément de poids et de force. Au delà du côté physique, j'ai vécu des jours très compliqué d'un point de vue psychologique. Comment garder la motivation quand ta mission est mise en suspent, que ton corps te lâche et met un temps fou à se remettre, que tu ne prends plus aucun plaisir à manger, que tout est difficile avec les coupures d'électricité et la mousson, que tu es tout seul en plein milieu de l'Asie. J'ai remis beaucoup de choses en question mais je n'ai jamais lâché complètement et ceci pour une bonne raison : je savais pourquoi j'étais parti. Je suis parti pour moi, pour vivre une expérience de fou, vivre mon rêve d'humanitaire, pouvoir découvrir une nouvelle culture, un nouveau pays et ensuite bien sur aider au maximum des populations.
Si tu ne le savais pas encore il faut vraiment avoir une part d'égoïsme pour faire de l'humanitaire. On aide des gens pour s'aider aussi soi-même, et de ne vouloir que aider les gens n'est pas bénéfique. Si la mission se passe bien alors pas de soucis mais s'il y a un problème il faut savoir s'en sortir et se rappeler pourquoi on est parti car en étant alité 8 jours on ne peut clairement pas aider la population c'est seulement eux qui nous aide. De me souvenir que c'était d'abord pour moi que je faisais la mission m'a clairement permis de me sortir de cette galère physique et mentale, personne ne peut imaginer comment j'ai réagis à cela car c'était mes émotions et elles sont propres à chacun mais ce qu'il faut se dire c'est que tout vient pour une bonne raison et malgré la difficulté il y a toujours pire dans la vie. Comment se plaindre de ce qui m'est arrivé sachant que ma mission ne durait qu'un mois et demi et qu'eux vivent là toute l'année.
J'ai vraiment hésité à expliquer ce qui m'est arrivé sur cette semaine car c'était un moment plus que difficile mais je me suis dis que pour comprendre un peu mieux ce qu'il m'est arrivé sur cette mission, il faut connaître cet épisode. Cela permet aussi de comprendre qu'une mission humanitaire ce n'est pas un petit voyage où l'on aide des personnes c'est un changement de vie momentané qui nous oblige à une adaptation importante. On n'est jamais préparé à ce que l'on va vivre et donc je le répète : avant de partir il faut savoir pourquoi.
Pour conclure sur cette semaine, j'ai survécu du mieux que je pouvais et même si cela a décalé le début de la mission dans l'école publique, cela fait partie de l'expérience et après tout c'est dans les moments difficiles que l'on apprend et je peux aisément le dire maintenant : j'ai énormément appris de cette maladie que ce soit d'un point de vue physique ou mental.