Retour à Kochkor

Une mère et sa petite fille s'arrêtent sur le bord de la route et m'emmènent jusqu'à Balyktchy. Le trajet fut court vu que j'ai complètement dormi. J'ai tellement bien dormi que je n'ai pas senti la Kirghize descendre mon siège à l'horizontal pour que je sois plus à l'aise. Des amours ces gens !

A Balyktchy j'ai essayé de faire du stop mais impossible. Plusieurs Kirghizes sont venus me dire que ce n'était pas possible et qu'il fallait aller à la gare routière. Je ne voulais pas mais au bout d'un moment ils étaient tellement insistants que j'ai fini par dire oui et j'ai finalement pris un marshrutka jusqu'à Kochkor. En arrivant là-bas je me sentais comme chez moi, même des chauffeurs de taxis partagés m'ont reconnu sur place et m'ont tapé la causette.. C’est que je serai presque Kirghize ahah. Je retourne à Jailoo inévitablement où je retrouve Assipa qui fut tout étonnée de me voir. Elle m'a demandé pourquoi j'étais là et je lui est tout simplement dit que si la France se qualifiait pour la finale de la coupe du monde je regarderai le match dans l'endroit où je me suis senti le mieux au Kirghizstan.

Euh comment te dire.. Elle a failli pleurer et me faire pleurer par la même occasion. Cette femme est d'une douceur rare et elle était tellement heureuse qu'elle m'a emmené à ma chambre en portant mon sac à dos. Elle y tenait vraiment alors je l'ai laissé faire ça se voyait que c'était important pour elle. Mais au delà de cela si je suis retourné à Kochkor c'est que les deux grenoblois Christian et Clara (les frères et sœurs) que j'ai rencontré sur le trek à Ala-Kul était à Kochkor et du coup on s'était dit qu'on regarderait le match ensemble. Christian nous a même confectionné un petit repas de chef avec une pizza faite maison que tous les touristes de Jailoo ont goûtée, ainsi que l'un des fils d'Assipa. De plus, Julie qui était aussi à Kochkor est venu voir le match avec nous même si elle était dans une autre guesthouse et ce petit rassemblement français était rigolo sachant qu'on était quand même en plein milieu du Kirghizstan !

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Le match fut très sympa car il n’y avait que des touristes français et suisses. Les Français à la surprise général supportait la France et les Suissesses supportait la Croatie pour nous embêter un peu. L'ambiance était hyper conviviale et d'être à l'autre bout du monde pour ce match fut génial. Cela m'a fait relativiser sur le fait que c'est un match de foot ok mais que cela permet de rassembler des millions de personnes. Même au Kirghizstan les gens se sont retrouvés pour voir la finale et cette chaleur humaine autour d'un match de foot était beau à voir.

Avant d'aller me coucher j'ai dis au revoir à Christian et Clara car ils repartaient tôt le lendemain. Le voyage permet des rencontres incroyables, je les ai croisé par hasard dans un taxi pour aller randonner et je les retrouve quelques jours plus tard pour voir un match de foot de l'autre côté du pays.

Le lendemain matin je prends le temps de me réveiller et de faire un dernier petit-déjeuner à Jailoo. Puis vint le temps de quitter définitivement Kochkor et Assipa. Ce fut clairement un déchirement car je me suis attaché énormément à cette Kirghize que je ne reverrai sûrement jamais. Elle m'a souhaité de continuer de voyager et de dire au plus grand nombre à quel point son pays est magnifique. C'est peut être aussi grâce à elle que le site web ne se résume pas qu'à mes actions humanitaires mais aussi à mes voyages. Tenir une auberge de jeunesse, une guesthouse, un hôtel ne se résume pas qu'à accueillir les gens, c'est aussi montrer le meilleur de sa culture, de sa personnalité et je ne remercierai jamais assez ce bout de femme incroyable. Merci Assipa.

 

Je pars de Jailoo et me dirige vers le lieu où se trouve les taxis partagés. Je n'avais pas trop envie de sortir de la ville et faire du stop, des fois ça arrive d'avoir la flemme de lever la main. D'ailleurs important de signaler qu'au Kirghizstan on ne fait pas du stop comme en France. Ce n'est pas le pouce qu'on lève pour signaler que l'on veut qu'une voiture nous prenne en stop mais il faut faire un mouvement de la main de haut en bas comme si on disait à une voiture de ralentir. Cela est vachement utile car j'ai croisé quelques voyageurs qui m'ont dit que le stop ne marchait pas.. Encore faut-il faire le bon geste ahah !

Revenons à nos moutons je me dirige donc vers les taxis partagés. Et là incroyable, la voiture n'est pas rempli de passager mais le coffre est plein et il y a du sang partout. Je dis donc au chauffeur que je garde mon sac sur les genoux. Je ne voulais pas que mon sac passe tout le trajet à l'intérieur du coffre puant. La voiture a fini par se remplir et on est parti et là démarre le voyage le plus incroyable que j'ai eu l'occasion de faire. Tu as beau être un taxi au Kirghizstan tu fais ce qu'il te plait. Mon taxi a eu la bonne idée de transporter du koumis et de la viande et du coup on a fait plein d'arrêt pour vendre des produits ou faire du troc. Bon jusque là rien ne bien fou. Puis on s'arrête dans une ville à côté d'une boucherie. Le chauffeur rentre dans la boucherie et reste à l'intérieur pendant 5 bonnes minutes, il finit par ressortir et tenir la porte pour que quelqu'un sorte. Et là, moment what the fuck, un jeune boucher sort avec deux têtes de veau à la main. Deux têtes de veau ! Il les balance littéralement au sol. Il vient me parler on rigole un petit peu et pendant qu'il me félicitait car la France avait gagné la coupe du monde il se tenait debout sur une des têtes de veau. Il portait des tongs et faisait l'équilibre sur une des têtes ! J'hallucinais complètement mais personne n'avait l'air d'être choqué. Puis ils ont finis par mettre les têtes dans le coffre.

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Et c'est à ce moment la que je me suis dit : « Terry tu es un génie, tu as bien fait de prendre ton sac sur tes genoux ! ». Comment te dire que j'étais tout content dans la voiture d'avoir sauvé mon sac des 'odeurs de viande en putréfaction. Bon cela n'a pas duré longtemps car au bout de même pas 1km l'odeur rentrait dans la voiture. Jusqu’à Bishkek qui se situait à encore 3 petites heures on a roulé les fenêtres ouvertes avec ma tête à l’extérieur de la voiture. Cela a bien fait rire les Kirghizes mais entre les 35 degrés et l'odeur je ne pouvais pas faire autrement. Finalement on arrive en plein milieu de Bishkek, où le chauffeur s'arrête sur une contre-allée et là improbable : une yourte. En plein milieu de la capitale du pays à côté d'immeubles se trouve une yourte. What the fuck ce trajet. Il s'est avéré qu'il a vendu le koumis qu'il avait, ainsi qu'une tête de veau aux propriétaires de la yourte qui servait en fait de petit restaurant. On va pour repartir et je lui demande si la deuxième tête est pour lui et il m'explique tout heureux que oui et qu'il va faire du bouillon ou une genre de soupe avec.. Mouais et bien je suis bien heureux de ne pas y goûter ahah. Quelques minutes plus tard il me dépose et me voilà donc arrivé à mon point de départ et d'arrivé : Bishkek downtown.