Le retour en France, dur retour à la réalité

Bon il a bien fallu rentrer en France et comme tu peux t'en douter cela a été compliqué. Ce n'est pas la partie la plus facile à raconter mais c'est sûrement la plus importante car une mission humanitaire entraîne des changements dans ta vie et il faut les prendre en compte pour ne pas être totalement perdu en rentrant.

Avant de partir je savais qu'il fallait que je reprenne rapidement mon quotidien et mes études pour ne pas avoir le temps de trop tergiverser. Je m'étais donné deux semaines avant de reprendre les chemins universitaires ce qui me permettais d'aller voir ma famille qui est un peu éparpillée en France et de voir un petit peu mes amis. Dans ma tête j'étais hyper content car j'avais tout planifié, pas de place à l'imprévu et ça serait facile de reprendre ma petite vie tranquille. Bon, je m'étais bien organisé mais c'était sans imaginer à quel point cette expérience m'avait bouleversée que ce soit de façon positive ou négative. Le gros problème fut que je n'avais aucune envie d'être au Népal car j'avais fait ce que j'avais à faire et je me disais que j'y retournerai bientôt mais pas tout de suite. Ensuite je n'avais aucune envie d'être en France.. Donc ne voulant pas être dans ces deux pays je me suis demandé où je voulais être. Et je n'ai pas trouvé de réponse donc comment dire que mes premiers jours ont été très difficile car je ne savais pas ce que je voulais tout en étant hyper triste.

Énormément de gens voulaient me voir, mais comment voir des gens qui attendent d'écouter mes aventures alors que dans le même temps je suis au bout du rouleau. Clairement ce fût difficile mais mes amis les plus proches m'ont aidé à sortir la tête de l'eau en me faisant sortir, faire des activités et ne pas rester isolé. Sur le coup ça m'a vraiment pris la tête car je voulais être seul mais finalement je dois avouer qu'ils ont bien eu raison. Mais pourtant avant de reprendre les études je n'étais toujours pas au mieux, écouter tous les français se plaindre comme toujours me fatiguait et mon manque de patience me poussait à m'isoler. Surtout que je ne prenais aucun plaisir dans mon quotidien. Faire du sport, regarder une série, conduire, manger de la nourriture bien française, rien n'y faisait mon quotidien n'avais jamais été aussi fade.

Puis il a fallu retourner à la faculté et je me suis clairement dit que ça allait me faire du bien car j'adore mes études je suis passionné par ce que je fais. Bon, comment dire.. J'ai beau aimer mes études je ne savais pas ce que je faisais là. De par mes études je suis spécialisé dans la prise en charge de personnes obèses pour améliorer la qualité de leur vie à travers l'activité physique. Donc comment dire qu'écouter des choses sur l'obésité quand dans le même temps je rêve de ces gosses népalais qui n'ont pas à manger tous les jours et bien.. plus grand chose n'a de sens et quand ce sont tes études qui régissent ton présent et ton futur on peut vraiment dire que cela remet beaucoup de choses en question.

Les jours passèrent et je traînais mon spleen seul tout en faisant mine que tout allait bien quand je voyais des gens. Ce n'étais pas franchement la joie puis un de mes meilleurs amis me dit qu'il veut partir en vacances pendant une semaine. Je lui dis que je suis partant et du coup on achète nos billets d'avion. Va savoir pourquoi, quand j'ai acheté mes billets je me suis senti libéré d'un poids, je me sentais libre, je savais que je quittais la France et j'étais tellement heureux, c'était la première fois que je me sentais ainsi depuis que j'étais rentré. Je te fais pas tout le détail de mon retour je te fais la version courte mais c'est juste pour te montrer que le retour est difficile. Quand je rentre de voyage ce n'est jamais facile mais alors cette mission m'a totalement brassé et pendant 1 mois j'étais au fond du trou et petit à petit j'ai commencé à me relever.

Tous les gens qui m'ont parlé de ma mission m'avaient dit que le retour serait difficile mais personne ne peut comprendre cela car personne n'était parti en mission. Voir les gens au quotidien te regarder avec des yeux grands ouverts quand tu leur expliques ce que tu as fait car ça leur semble à la fois dingue et merveilleux et bien c'est compliqué. Je suis quelqu'un de normal, ma vie est normale, je fais juste ce que j'aime et ce que j'ai fait me semble tout ce qu'il y a de plus normal car c'est ce que je souhaite mais l'admiration que montre les gens est difficile à gérer. Le nombre de fois que j'ai eu envie de leur dire qu'il faut avoir de l'admiration pour les petits népalais, pour Santosh mais pas pour moi... Mais au fond je comprenais pourquoi les gens me regardaient ainsi, mais entre comprendre et l'accepter, on est quand même sur deux notions bien différentes. Mais je vais pas me plaindre car je l'ai aussi voulu car de nombreuses personnes voulaient me voir pour que je leur explique ce que j'ai fait car peut-être que dans le futur ils partiront en mission. Et c'est grâce à ces personnes que j'ai fait ce site web parce qu'en voyant comment les gens me regardaient je me suis dis que je ne pouvais pas garder cette histoire que pour les personnes proches de moi. Si quelqu'un n'ose pas communiquer avec moi, me trouve seulement par des échos, et bien maintenant il y a cette plateforme pour en apprendre plus sur ce que j'ai fait.

Et puis ce retour en France n'est pas fait que de difficultés bien au contraire, ma mission n'est clairement pas terminée et un travail de communication est important. Je n'ai franchement aucun talent, je suis juste quelqu'un de passionné et qui est curieux sur ce qui se passe sur notre planète et donc j'ai énormément de travail à faire en France. Je suis le premier français à être parti pour Peace4people et il est hors de question que je sois le dernier. Du coup je partage mon expérience, mon temps et mon vécu aux personnes intéressées pour partir en mission ou juste s'intéressant à l'humanitaire. Cela me prend un temps considérable mais cela fait partie de ma vie maintenant car j'aimerais que plus de personnes soient sensibilisées à l'humanitaire et à des associations qui font un vrai grand travail de qualité.

Si je devais résumer en quelques lignes mon retour je dirais forcément qu'il a été compliqué mais comment pouvait-il en être autrement après ce que j'ai vécu ? Le retour d'une expérience aussi folle n'est pas aisé et c'est pourquoi il faut aussi prévoir son retour. Comment savourer ce qu'on a fait si on ne supporte pas son quotidien quand on rentre ? Je ne suis pas prêt à tout quitter pour partir faire de l'humanitaire pour le reste de ma vie et si ma vie n'était pas structurée je pense que j'aurai pu avoir une plus longue période de tristesse et d'errance.