Lac Kol Su / Karakol
Après notre trek à cheval nous sommes revenus à Jailoo pour y passer la nuit. J'avais conseillé au deux filles de faire le trek à Kyol-Tor et de ce fait elles sont parties assez tôt. Je n'ai pu leur dire au revoir mais ces deux amours m'ont laissé une petite lettre en souvenir de notre rencontre. Je suis venu seul au Kirghizstan et en l'espace de quelques jours j'ai rencontré des personnes complètement incroyables qui m'ont littéralement bouleversé !
Après un réveil quelque peu difficile avec mes fesses engourdies par 3 jours de cheval je me dirige vers le sud du pays. Direction Naryn pour aller faire l'un de mes immanquables, le lac de Kol-Su à la frontière chinoise.
Pour aller à ce lac il faut un visa de la part du gouvernement chinois. On ne va pas en Chine mais on s'approche de la frontière et quand on est proche de la limite du territoire kirghize avec la Chine il nous faut un visa. J'ai donc envoyé la veille de mon départ pour le sud les papiers nécessaires au CBT de Naryn pour avoir mon précieux sésame.
De retour sur les routes je vais vers Naryn avec un taxi partagé avec les précieux conseils d'Assipa qui m'a dit le prix que je devrais débourser pour ce voyage. Je ne m'en souviens plus mais cela a dû me coûter facilement 2 euros.. Ah la vie au Kirghizstan est si belle quand on est un étudiant avec une petite bourse ! La route pour aller dans le sud est vraiment belle, les paysages sont différents de ce que l'on peut retrouver sur la partie nord et rien que pour ça je ne regrette pas d'aller découvrir un nouvel endroit de ce magnifique pays. En arrivant sur place j'observe que Naryn est.. comment dire.. peu attractive. Rien de bien joli, peu de chose à faire mais après tout je ne suis pas venu pour cette ville mais pour ce lac dont je rêve tant. Je me dirige donc au CBT où je suis extrêmement bien accueilli car on me sert un apéro fruité à base de pastèque, qui ne ressemble pas tout à fait à ce que l'on trouve en France mais alors qu'est ce que c'était bon.

De toute façon autant être honnête, à part leur breuvage un peu spécial qui est le koumis tout le reste au Kirghizstan est bon, leurs plats sont vraiment bons. Bref je m'égare, je discute avec Gulira la responsable du CBT à Naryn. Elle m'explique que mon visa/permis est en cours et l'on discute des moyens pour aller au lac. N'ayant trouvé personne sur ma route pour venir avec moi je savais que ça allait me coûter un peu cher mais c'était mon coup de cœur et je me suis dis que si je devais faire une concession financière c'était bien pour ce lac.
Sauf que des touristes canadiens sont arrivés dans le CBT, des baroudeurs que j'avais déjà rencontré à Kochkor dans mon auberge. Ils me racontent qu'ils viennent du lac et qu'ils ont été très déçu. La raison ? Ils n'ont pas été prévenu que le lac n'avait pas d'eau. Oui oui tu as bien lu, il n'y a pas d'eau dans le lac car il n'y a pas eu assez de neige l'hiver dernier. Ils me montrent des photos du lac et même sans eau je me rends compte que ce lac est vraiment beau.. Mais est-ce que cela vaut la peine de dépenser 100 euros pour aller seul avec un guide sur place ? Tout ce que j'ai découvert au Kirghizstan je l'ai découvert avec des voyageurs formidables pour un prix dérisoire ou très raisonnable. Alors pourquoi dépenser autant pour quelque chose à faire seul. Le voyage se partage, je suis parti seul mais ce petit aléa, où ces canadiens m'ont informé n'est peut-être qu'un coup de pouce du destin pour me dire qu'il y a des choses mieux à faire qui m’attendent ailleurs.
J'ai donc informé Gulira que je changeais de programme et malgré toutes les autres activités qu'elle m'a proposé aucune ne m'intéressait. J'avais le sentiment que je devais remonter vers le nord, me dirigeait tranquillement vers mon nouvel immanquable : le lac d'Ala-kul. Pour la première fois je me suis senti un peu désemparé, dans une ville quasi morte car c'était le dimanche, mon programme est bouleversé par un contre-temps.
Ma déception ne fut que de courte durée mais si j'explique en détail tout cela c'est pour te montrer que tout ne se passe pas comme sur des roulettes tout le temps. Dans une ère où les gens ne partagent que le positif sur les réseaux sociaux il faut aussi se rendre compte que de se retrouver seul au bout du monde n'est pas de tout repos. Oui c'est une expérience incroyable et hormis ma mission humanitaire c'est la plus belle chose que j'ai faite dans ma courte vie. Mais comme la vie c'est une succession de hauts et de bas, généralement des hauts certes mais les bas font aussi parti du voyage et après tout.. C'est peut-être cela qui permet d'apprécier autant les bons moments.
Je décide donc de repartir direction Kochkor où après de nombreuses péripéties j'arrive dans la voiture d'une famille kirghize. Le voyage fut épique car même s'ils ne parlaient pas anglais on a essayé de se comprendre tant bien que mal. Ils m'ont offert gentiment du koumis que je n'ai malheureusement pas pu refuser.. Je ne souhaite à personne de devoir boire du koumis sur des routes de montagnes car ça retourne l'estomac !


Cette famille ultra gentille m'a proposé de venir chez eux quelques jours mais ils habitaient vraiment loin et aussi gentils étaient-ils mon instinct me disait de refuser, je ne le sentais pas, je préférais m'en tenir à mon programme qui était d'aller en direction du lac d'Ala-Kul. Je retourne donc à mon auberge de Kochkor, où Assipa fut plus que surprise de me voir. J'étais assez fatigué par le changement de programme, la route accumulée dans la journée et le koumis qui me tordait littéralement l'estomac. Assipa m'a quasiment ordonné de poser mes affaires et de la suivre. De la suivre dans une autre salle de l'auberge et où se trouvait toute sa famille. Même ses petits-enfants étaient présents, elle m'a dit de m'asseoir et de manger avec eux. Bon je me suis retenu de pleurer mais je me sentais privilégié. Assipa m'a invité à table avec toute sa famille. Je ne lui ai rien demandé mais elle m'a tout donné : de la chaleur humaine à ne plus quoi savoir en faire. Je ne remercierai jamais assez Assipa qui a rencontré des milliers de voyageurs mais qui m'a fait sentir comme un membre temporaire de sa famille. Cette journée ne s’est pas du tout passée comme je l'avais prévu, je n'ai quasiment aucune photo mais j'ai des souvenirs plein la tête. Le voyage est rempli d'imprévus. Pour rien au monde je regrette de ne pas avoir fait ce lac à la frontière chinoise et pour rien au monde je regrette d'avoir de nouveau passé ma soirée à Jailoo.
En une semaine je suis tombé amoureux de ce pays et c'est en grande partie grâce à la gentillesse de ce peuple.
Direction Karakol
Le dimanche au Kirghizstan c'est un peu un début de fin du monde il n'y a que très peu de personnes dans les rues et la coïncidence a fait qu'il n'y avait quasiment personne à Jailoo. J'avais donc une chambre de 6 personnes pour moi tout seul quand dans la soirée un duo de voyageurs est arrivé. Les deux fredonnaient une musique et avec leur intonation on sentait un doux accent français. Je me suis dis que ce n'était pas possible, pas encore des français ! En France personne ne connaît le Kirghizstan et sur place il n'y a que de ça. Et il s'est avéré que c'était bien deux français, deux gars complètement fracassés qui avait pour projet de faire un road trip Kirghizstan-Chine-Pakistan-Inde. C'était deux musiciens qui voyageaient avec une guitare et qui jouait de la musique dès qu'ils le pouvaient. Des backpackers musiciens.. je ne m'y attendais pas surtout qu'ils n'avaient aucune idée d'où ils allaient. Quand je leur ai expliqué mon programme ils ont été emballés et m'ont demandé s'ils pouvaient me suivre. Ils m'ont tellement suivi qu'on a voyagé quasiment une semaine ensemble. Emmanuel et Sébastien, deux mecs du nord de la France, des lorrains drogués à la musique, et des humains incroyables.

Laisse moi t'expliquer le programme ! Le lac Ala-kul se trouve proche de la ville de Karakol qui est à l'ouest du plus grand lac du pays. Nous on se trouve au sud-est. Donc c'est une grande journée de transport qui nous attend. Le trajet n'est pas direct, nous avons d'abord fait Kochkor-Balyktchy puis Balyktchy-Karakol par le nord du lac. Sur ce trajet nous avons rencontré un couple venant de la Belgique Flamande. On les a suivi dans Karakol puisque nous avons dormi dans le même hôtel, le KbH (Karakol Based Hostel) et avons passé la journée ensemble. Pour parler rapidement de l'hôtel, le confort était top et le prix très raisonnable (5 euros la nuit de mémoire). De plus il se trouve à côté de Eco Trek qui est un magasin où l'on peut louer des affaires de randonnée et où j'ai loué un tapis de sol pour ma randonnée à venir.
Notre petit groupe franco-belge a visité Karakol l'après-midi et nous sommes allés au CBT. L'objectif était de trouver un taxi pour le lendemain matin pour nous emmener au début du trek. Pour la somme élevée de 2euros par personne nous avions un taxi qui venait nous chercher devant l'hôtel et nous déposer au départ du trek. Rien de bien spécial à signaler à part des moments humains géniaux et qui poussent à explorer le monde dans le but de rencontrer de nouvelles personnes ayant une drogue en commun : Voyager.