Autour de Tamga
En rentrant d'Altyn Arashan j'ai passé une nuit de plus à Karakol avec Sébastien et Manu. C'est à cette occasion que nous avons rencontré Julie, une baroudeuse partie depuis 6 mois seule, et qui est juste incroyable. Faire une randonnée de 3 jours au Kirghizstan en tongs car on a perdu ses chaussures.. Je trouve ça balèze ! Et bien Julie l’a fait tranquillement.
J'ai expliqué ma future destination à mes collègues et ils ont été direct motivé.. Du coup direction la vallée de Jeti-Oguz, autrement appelée la vallée des 7 taureaux. J'ai rencontré bon nombre de voyageurs qui ont adoré cet endroit et c'est pour ça que j'ai eu envie d'y aller. Mais je ne vais pas te mentir je n'ai pas vraiment apprécié ! Oui la couleur de la terre est ocre, la vallée est très jolie mais je n'ai rien trouvé d'exceptionnel. On y trouve beaucoup d'enfants avec des aigles dans des états pitoyables et qui te demandent pour les prendre en photo. L'endroit est quelque peu touristique on va dire et cela n'est pas vraiment authentique. Mais cela ne reste que mon avis (et un peu celle de mes compagnons de voyage) car j'ai eu plein d'échos de personnes ayant apprécié leur passage dans cette vallée donc chacun doit faire son propre avis.


On est reparti en stop direction la route principale pour aller à Tamga. J'ai entendu parler de ce village car il est rempli de Russes. Que des Russes dans ce village au bord du lac Issyk-kul cela mérite de s'y arrêter. On est donc allé sur place et nous avons passés la nuit à la Tamga Guesthouse et comment dire.. Pour la première et dernière fois j'ai été déçu de l'hébergement. Les prix étaient chers que ce soit pour la nuit où même les repas, l'amabilité de la propriétaire n'était pas du tout au rendez-vous mais bon nous avions un toit pour la nuit. Puisque les prix étaient chers nous avons décidé d'aller manger en ville. La meilleure décision de tout mon voyage car ne me demande pas pourquoi mais c'est en marchant dans cette ville, aux allures de Sarajevo pendant la guerre (je n'ai vu que des photos mais c'était dans le même genre), que je me suis senti le mieux !




Je ne peux expliquer pourquoi je me suis senti si bien dans ce village mais cela restera un des moments les plus forts de ce trip. Et alors attends que je te parle de notre dîner. On a tourné dans la ville pour trouver quelque chose et nous n'avons rien trouvé. On s'est donc mis à demander aux locaux et on nous a indiqué qu'il y avait un petit restaurant en traversant le marché semi-couvert. Tu veux le meilleur restaurant-bouiboui du pays ? Et bien c'est celui-ci et alors si tu es de passage à Tamga, vas-y sans hésiter. La propriétaire a un petit carnet de tous ses plats traduits du russe à l'anglais et alors ces petits plats maison..

Je suis littéralement tombé amoureux de sa nourriture, du cadre où se trouve son restaurant et j'ai tout simplement passé l'une de mes plus belles soirées grâce en partie à cette dame dont je ne sais même pas son nom, mais où son visage restera gravé à jamais dans ma tête !




Après avoir passé une bien belle nuit dans cette ville où des russo-kirghizes nous ont gentiment offert de la vodka locale (une douceur de vodka !) nous sommes partis en direction de la cascade de Barskoon.

Il faut remonter dans les terres pour y aller et nous avons pris un taxi car il n'y avait pas grand monde pour nous prendre en stop. La route pour y aller est vraiment très belle car on slalome en plein milieu des montagnes. En arrivant à Barskoon on se rend compte que nous ne sommes pas les seuls à vouloir voir les cascades. Cependant il n'y a que très peu de touristes étrangers, partout où l'on regarde on observe des Kirghizes que ce soit sur les chemins ou à côté des cascades. Barskoon possède plusieurs cascades, deux petites et une bien plus grande qui se méritent car il faut monter en haut de la montagne. Notre groupe et moi-même sommes allés ensemble à la première cascade, puis on s'est séparé et seulement Manu et moi sommes allés à la découverte de la plus grande cascade.



Déterminés comme jamais on commence l'ascension mais rapidement les conditions climatiques se sont dégradées ! Une pluie fine, du brouillard de plus en plus épais et le terrain était plus que glissant. Mais on ne se démonte pas et on continue notre montée, accompagnés d'un jeune touriste Russe se nommant Artem qui était d'une gentillesse incroyable. Il nous a pris pour des fous quand on lui a dit qu'on était Français car il ne pensait pas que des Français venaient découvrir l'Asie Centrale et les anciens pays de l'URSS. Tellement sympa que je suis toujours en contact avec lui même si son anglais est un peu balbutiant !


Bref, nous continuons à monter et on atteint le premier point de vue de la cascade mais.. on ne voit rien du tout ! On l'entend mais on ne voit rien le brouillard est trop dense et on décide donc de monter encore un peu. Sauf que cela fut de plus en plus compliqué et l'on décide ensemble de redescendre car on prend beaucoup de risques, sachant que d'après le plan on était encore assez loin de l'arrivée.
Nous n'avons même pas été déçu de ne pas atteindre la cascade car nous avons l'un des plus beau paysages que nous ayons eu la chance d'observer. Je ne parle pas qu'en mon nom car Manu et Artem m'ont aussi dit qu'il n'avait jamais vu cela, un paysage morcelé par le brouillard dans une ambiance mi magnifique et mi apocalyptique. Même quand on n'atteint pas l'endroit que l'on souhaite le Kirghizstan nous offre un paysage exceptionnel pour le plus grand plaisir de nos yeux d'enfants émerveillés.


On attaque la redescente et après plus de la moitié du chemin on croise des Kirghizes et alors.. qu'est ce que j'aime ce pays et ces gens. Ils nous ont arrêté, demandé comment on allait, et nous ont dit que plus bas un mec blanc et chevelu leur avait joué de la guitare : cela ne pouvait être que notre collègue Sébastien. On a parlé avec eux pendant de longues minutes où ils nous ont offert des fruits à foison, beaucoup trop d'ailleurs, juste pour nous faire plaisir. On leur a proposé des cookies mais il n'en voulait pas, ils veulent juste faire des cadeaux aux étrangers car c'est comme cela qu'ils accueillent les gens chez eux.. Si on pouvait avoir la même hospitalité en France avec n'importe quel étranger où même n'importe quelle personne ce serait magique !
Après avoir dis au revoir à ces douces personnes nous sommes redescendus en bas pour manger dans une des yourtes de Barskoon et où nous avons retrouvé Julie et Sébastien qui nous ont raconté ce qu'ils avaient fait.

On est redescendu jusqu'à Tamga et où l'objectif était de faire du stop pour aller au canyon de Skazka, le dernier immanquable que je voulais absolument voir. En plus des petites recherches que j'avais fait j'ai eu de nombreux échos sur Skazka. Je n'ai vu aucune photo des touristes que j'ai rencontré mais tout le monde m'en a parlé en bien et j'étais surexcité à l'idée d'aller là-bas. Tu imagines qu'après avoir vu d'innombrables lacs, rivières, montagnes, cascades, je m'apprête à aller voir un canyon au look désertique ! Oui oui le Kirghizstan c'est un mélange de paysage juste fou. On commence donc à faire du stop à la sortie de Tamga. Et là une voiture s'arrête et je vais te raconter une histoire complètement folle !
J'explique aux deux mecs dans la voiture où nous allons et ils nous disent qu'ils n'y vont pas. Ils reprennent la route, s'arrêtent et reculent pour nous dire finalement qu'ils nous amènent sur la route du littoral (la route longeant le grand lac Issyk-Kul) pour faire du stop. Très gentil de leur part mais on est pas sur de comprendre car en fait ils voulaient nous avancer de 500 mètres. 500 mètres de stop pour 4 backpackers ça nous as paru bizarre mais soit ! On monte dedans et j'essaye de les motiver à nous emmener. Maintenant qu'on est dans la voiture autant nous emmener jusqu'au bout hein ! Mais ils nous disent que non c'est vraiment impossible. Ils s'arrêtent sur la route du littoral vers un petit shop mais nous disent de rester dans la voiture. On s'est tous regardé et on a trouvé ça bizarre je vais pas te mentir. Le Kirghize revient dans la voiture et nous offre de la bière et commence à s'allumer une clope… verte si tu vois ce que je veux dire. Très bonne ambiance du coup et ils nous expliquent tant bien que mal (leur anglais n'était pas très au point) qu'ils sont militaires, qu'ils n'ont aucun papier et s'ils se font arrêter par la police ils vont aller en prison. On a toujours pas compris pourquoi mais ils avaient l'air vraiment inquiets. Du coup pendant leur permission ils évitaient les grands axes routiers. Ils nous ont demandé si on s'était baigné dans le lac Issyk-kul mais aucun de nous ne l'avait encore fait. Ni une, ni deux ils ont allumé la voiture et emmenés sur une plage à même pas 800m. Et là, on s'est posé avec les Kirghizes sur la plage, où l'un des militaires a pris la guitare de Sébastien et a commencé à jouer de la musique. Dans le même temps on est allé se baigner. Oui tu as bien compris, on s'est baigné dans un lac à 1800m d'altitude, deuxième plus grand lac de montagne du monde après le Titicaca (Pérou/Bolivie), avec des Kirghizes qui jouaient de la guitare et chantaient. C'est juste incroyable franchement !!



Après avoir bien profité sur la plage, le soleil commençait à se coucher et on est donc remonté sur le littoral avec nos deux militaires. N'ayant toujours pas changé d'avis nos chemins se séparent, eux s'enfoncent dans les terres pour éviter la police et nous on recommence à faire du stop pour se diriger vers Bokombaevo. Il était trop tard pour aller à Skazka et on ne voulait pas redormir à Tamga. J'ai donc expliqué à mes baroudeurs que j'irai à Skazka le lendemain matin et que j'ai eu écho que les auberges dans un village, s’appelant Bokombaevo, étaient vraiment biens ! On fait donc du stop mais on a franchement aucun succès ! La luminosité est faible de part le couché de soleil qui était en train de se terminer et nous étions sur une portion de route assez rapide. Des Kirghizes qui passaient par là nous ont aidé à faire du stop pour nous sortir de cette petite galère. Petite galère toute relative car si on ne trouvait rien on s'était dit qu'on dormirait sur la plage. Finalement un mini-bus de touriste s'est arrêté et nous a demandé une somme dérisoire (je ne me rappelle plus combien) pour aller à Bokombaevo. Ni une ni deux on saute dedans et direction ce village. Sébastien nous a laché pour la nuit il avait très envie de bivouaquer dans le canyon du coup on s'est dit au revoir et même adieu car je n'aurai pas l'occasion de le revoir ! On arrive à Bokombaevo où une auberge que l'on m'avait conseillé nous refuse car l'établissement était plein. Mais, petites douceurs que sont ces Kirghizes, la propriétaire nous a conseillé une autre guesthouse où nous sommes finalement allé. Cette guesthouse est excentré du centre-ville mais c'était tout à fait sympa car l'établissement était dans un style rustique, avec beaucoup de livres et de papier ancien. Dans la chambre que nous a montré le propriétaire il y avait un piano. Manu ayant fait des études au conservatoire de musique avait de belles bases de piano et devine qui a eu la chance d'avoir un petit morceau de musique au piano en plein milieu du Kirghizstan ? Dans la même journée j'ai eu l'incroyable opportunité d'écouter de la musique joué par des Kirghizes à la guitare et par des Français à la guitare et au piano.. Je ne m'en suis toujours pas remis !
Pour la petite anecdote Manu est végétarien et on est allé dans un petit restaurant en centre-ville. Personne ne parlait anglais et j'ai essayé d'expliquer (en russe s’il te plait ahah) à la responsable qu'il fallait un plat sans viande. Tous les plats qu'elle nous expliquait comprenaient de la viande. Après 5-10 min de discussion pour le moins compliquée avec la barrière de la langue elle nous explique que le plat « Kotelet » (à prononcer côtelette) ne comporte pas de viande. Cela nous paraît louche au vu du nom car s'il doit bien y avoir un plat avec de la viande c'est surement celui-ci. Mais Manu décide de le commander car après tout il n'a pas bien le choix il faut bien manger. Et là, incroyable mais vrai, une petite portion d'accompagnement avec deux grandes portions de viande qui ressemblait à deux steaks de dinde. Pas tout mal le plat végétarien ahah. Tout cela pour te dire que si tu vas au Kirghizstan et que tu es végétarien assures toi bien que le plat ne comporte pas de viande pour ne pas avoir de surprises !